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Öberndörf – Ülm

Ce printemps restera peut-être dans les annales des printemps les plus pourris de ces dernières décennies. Une chose est sûre, il restera dans nos mémoires pendant longtemps, la pluie et le froid ne nous quittent que de manière sporadique et nous avons plus ou moins accepté ce passager encombrant en espérant qu’un jour il se fasse la malle.

Pour nous remonter le moral, nous nous mijotons de bons petits plats à la mode camping, nous faisons montre d’une grande détermination pour nous préparer avec l’aide de notre petit réchaud, des falafels, des soupes miso ou des asperges. Rassurez vous, nous laissons aussi de la place pour des choses bien dégueulasses comme des saucisses en boîte et nous engloutissons des quantités faramineuses de bonbons et de chocolat, cela reste d’excellents remontants.

Nous avons vécu, nous l’espérons, notre pire journée depuis notre départ ce dimanche 26 mai. Le thermomètre n’a pas dépassé les 5°C aux heures les plus chaudes de la journée. Un vent de face glacial et une pluie battante se sont abattus sur nous à partir de 11h et ne nous ont quittés que le lendemain.

Décidés à passer la nuit au chaud, nous avons suivi les conseils d’un couple de randonneurs nous recommandant chaudement un refuge situé à 1km de là en pleine montagne. Ce fut l’ascension la plus cauchemardesque que nous ayons vécue jusqu’ici.  3 km de montée avec des pentes à 20 %, en pouvant à peine  pousser les vélos. Arrivés au sommet, le refuge en question était fermé. Nous avons donc planté la tente à 869m d’altitude par 2°C. Au final et contre toute attente, nous avons très bien dormi.

Ce temps maussade nous rend aussi un peu caractériels. À tour de rôle, nous enchaînons les sautes d’humeur et avons tendance à faire la tête pour un oui ou pour un non. Je gueule parce qu’on ne va pas assez vite et Sandrine s’énerve car j’ai mangé deux carrés de chocolat tout seul dans mon coin.

Heureusement, le ciel se montre de temps en temps un peu plus clément et nous profitons pleinement de ces journées où le soleil daigne montrer le bout de son nez.

Nous avons ainsi pu profiter de Tübingen, petite ville universitaire de 100 000 habitants – très dynamique au premier abord et agréable avec ses rues piétonnes, ses grands parcs et ses bords de rivière aménagée. C’est dans cette ville que nous avons également fait la connaissance de Sebastian & Sonya, un jeune couple de biologistes partis un an à vélo en Turquie, Syrie et Thaïlande. Ils nous ont invité pour la soirée dans leur petit appartement et ce fut une très belle rencontre. Sebastian a répondu à toutes nos interrogations sur la Turquie, pays qu’il a traversé plusieurs fois à vélo. Il nous a également conseillé sur les routes à suivre pour la suite de notre trajet en Allemagne. Au petit matin, il a bourré nos sacoches de bonbons et de chocolat sachant bien le genre de plaisir que peut procurer ses petites sucreries pour un cycliste mouillé.

En ce qui concerne les paysages, l’Allemagne que nous traversons est très belle. Les pistes cyclables que nous empruntons nous rallongent bien la route mais nous permettent certainement d’éviter des zones sinistres et des routes au trafic élevé. Après Tübingen, nous sommes arrivés dans les Alpes Souabiches. Sebastian a tenté de nous expliquer la formation de cette chaîne de montagne mais ce ne fut pas très clair pour nous. Apparemment, si nous avons bien compris, il y avait une étendue d’eau il y a fort longtemps et beaucoup d’animaux y sont morts laissant quantité de sédiments. Puis un jour, la mer s’est retirée et un plateau calcaire s’est formé à 750m d’altitude, entouré de petites collines de 2 à 300 m de hauteur. Cette Allemagne est belle mais nous aimerions la voir parfois sous un autre jour, un peu plus ensoleillé on va dire.

Mercredi, nous avons rejoins Ulm et sa célèbre cathédrale et cela marque une étape importante dans notre traversée de l’Allemagne. Tout d’abord, Ulm est la dernière ville du Land de Baden-Wurtenberg, nous entrons en Bavière juste après. Nous en sommes aussi à peu près à la moitié de notre traversée de l’Allemagne. Enfin, nous avons rejoins le Danube à Ulm et c’est fou de penser que nous pourrions suivre ce fleuve jusqu’à la Mer Noire.

PS 1 : Merci à tous pour vos nombreux commentaires. Sachez que nous prenons le temps de les lire et qu’ils nous font un grand bien. Nous aimerions bien y répondre mais passer du temps sur Internet est très compliqué.

PS 2 : Mais que fait la pédale en folie pour nous aider avec ce temps de merde?

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Strasbourg – Oberndorf

23 mai. Un mois. Notre premier. Avec près de 950 kilomètres parcourus. Et des vacances qui commencent vraiment à se transformer en voyage. Surtout depuis que nous avons passé la frontière allemande dimanche en fin d’après-midi, après notre pause (bien mouillée) de cinq jours à Strasbourg. Notre arrêt nous a toutefois fait du bien. Laisser les vélos au camping pour parcourir cette splendide ville, très verte, entourée d’eau, traversée par une multitude de pistes cyclables et de rues piétonnes. Le vieux centre est magnifique et l’ambiance donne envie de redevenir étudiant pour réviser au soleil dans les nombreux parcs.

Depuis que nous avons traversé le Rhin notre étude est surtout linguistique car nous ne comprenons plus rien (du moins, je ne comprends plus rien). Nous passons donc nos journées à réviser, non pas au soleil dans un parc, mais sous la pluie sur nos vélos, avec Ronan et le dictionnaire pour donner la leçon. Mais c’est sans pitié et il faut bien plonger. Me faire comprendre est alors un véritable tour de force. Je baragouine, non sans effort, une phrase qui ressemble à « bonjou, elcusez-me, palez-vu france i anglish ? » Si la personne répond par l’affirmative je suis sauvée, mais dans le cas contraire j’ai le choix entre partir en courant, ce qui n’est pas très poli, ou utiliser mon « body language », ou le langage non-verbal, accompagné de mots anglais prononcés à la manière allemande. Supermarket devient alors « ZuuperrMarrkette ». Ma technique fait bien rigoler Ronan qui m’observe de loin. Il rigole un peu moins lorsque, si ça ne marche toujours pas, je sors ma dernière carte et le pointe en disant « he speake deutch, deutch ».

 Il faut croire que notre méthode est tout de même efficace puisque c’est de cette façon que nous avons réussi à nous trouver un hébergement lundi soir, alors qu’il pleuvait sans relâche depuis la matinée. Monika et Wolfgang, un couple d’une très grande gentillesse, plein de douceur et d’humour, nous ont accueillis dans leur maison. Elle est herboriste pédagogue et nous a fait déguster une multitude d’herbes de son jardin que nous pouvons retrouver en grande partie dans la nature. Lui, qu’Elouan a confondu avec le Père-Noël avec sa belle barbe blanche et ses bretelles entourant son ventre un peu rond, a passé une bonne partie de la soirée à nous préparer un itinéraire pour notre traversée de l’Allemagne. Nous lui avons demandé conseil car si notre parcours était assez calé de Nevers à Strasbourg, notre entrée en Allemagne marque également le début de l’improvisation.

 Parmi les choses que nous voulions faire durant nos vacances à Strasbourg, il nous tentait d’envoyer de nouvelles demandes de Warmshower. Le réseau nous a beaucoup plu et nous a permis de faire de très belles rencontres (nous remercions d’ailleurs du fond du cœur tous nos hôtes français pour leur générosité, leurs bons conseils et leurs expériences partagées). Pourtant, en regardant la carte, nous ne savions pas encore où nous allions et étions incapables de décider. Nous laissons donc au hasard des chemins nos chances de rencontres et d’hébergement pour quelque temps.

Pour traverser la Forêt-Noire, très montagneuse, nous avons finalement opté pour un parcours assez tranquille, mais très joli, empruntant les vallées du Kinsig et de la Schlintach pour rejoindre Schramberg avant d’attaquer la montée sur le plateau qui nous a permis de rejoindre Obendorf hier en fin d’après-midi. La pluie nous accompagne maintenant presque tous les jours. Nos deux principales activités consistent à chercher la piste cyclable, présente entre chaque village mais pas toujours bien indiquée, et à zigzaguer entre les limaces, escargots et verres de terre sur cette dernière, lorsque nous l’avons trouvée. Nous sommes tellement habitués au ciel gris et à la pluie que nous ne croyons même plus qu’il fera beau un jour… C’est un peu comme des pleurs de bébé, quand ça s’installe on a l’impression que ça ne va jamais s’arrêter !

 Espérons qu’après la neige prévue vendredi nous aurons un peu de chaleur et de soleil, parce qu’éponger la tente le soir avant de se coucher c’est pas très rigolo, on témoigne!

Statistiques pour le premier mois :

26,30 € de dépenses moyennes par jour

945 km parcourus soit 39 km par jour roulé

7 nuits – réseau Warmshower

10 nuits en camping sauvage

5 hébergements spontanés

8 nuits en camping payant dont 6 nuits à Strasbourg

6 jours sans cigarettes pour Ronan

17 jours de pluie

7140m de dénivelé ascendant

Altitude maximum : 1229m