Catégories
Carnets de route

K. Hora – Otmuchow (pl)

Nous sommes en Pologne depuis vendredi dernier. Notre avancée aura été plus lente que prévue. Petites journées par petites journées. 20 à 30 km quotidiens en alternant petites routes, chemins de terre et pistes quasi impraticables. Mais cette lente progression nous aura permis de reprendre tranquillement confiance et de profiter des quelques après-midi très chauds de la semaine dernière pour se reposer en bords de lacs.

Nous en avons croisé plusieurs, tous pris d’assaut par des tchèques s’y entassant en famille ou entre amis. La moindre parcelle d’herbe haute ou de berge caillouteuse est occupée. Les papys et les mammys circulent à vélo en maillot, les enfants jouent, les jeunes écoutent de la musique. Souvent, une camionnette ou un petit snack bar propose l’essentiel de survie, soit des saucisses et de la bière. Puis, en fin de journée, les lieux se libèrent tranquillement, laissant la place libre pour se camper et profiter des derniers rires et cris des baigneurs, s’élevant, légers, dans la tiédeur du soir.

Ces ambiances d’été ont toutefois laissé leurs places à du temps quasi automnale juste avant notre entrée en Pologne et l’ascension des monts Stowyloj où nous avons passé la fin de semaine. Situé dans la petite enclave sud de la Pologne, ce parc est reconnu pour ses formations rocheuses tabulaires garnis d’énormes rochers éparses. Il offre un très beau panorama, sans trop de hauteur, le plus haut sommet culminant à 920m. C’était bien suffisant pour nous chauffer les mollets et les cuisses après nos dernières semaines de plat. L’occasion était parfaite pour faire de petites randonnées pédestres. Ce que nous avons fait avec plaisir samedi et dimanche, laissant les vélos au camping. Depuis notre départ nous alternons camping sauvage et camping payant avec un cycle de plus en plus court. Nous arrêtions systématiquement prendre une vraie douche tous les quatre jours, mais depuis la République Tchèque, c’est plutôt au deux-trois jours, au vue des prix beaucoup plus abordables (généralement entre 5 et 10 euros la nuit).

Notre rencontre avec la Pologne semble arriver au moment opportun dans notre voyage, nous offrant ce qui nous manquait le plus depuis les deux dernières semaines. De beaux paysages de montagnes et de campagnes. Des gens chaleureux et curieux. L’impression d’être passés à l’Est.

Après seulement quelques jours la différence avec la République Tchèque se fait sentir. L’architecture des villes est plus modeste. Les bâtiments souvent défraîchis, voir décrépis. Et les gens se retournent quasi systématiquement sur notre passage, nous saluant régulièrement. En 24 heures hier, nous avons eu droit à trois invitations à boire et/ou à grignoter quelque chose, accompagnés de multiples questions et compliments sur notre voyage. En République Tchèque, il était beaucoup plus rare que les gens manifestent une curiosité directe à notre égard.

C’est donc mitigés que nous avons passé la frontière. Ne sachant pas si nous y retournions ou pas. Nous attendions une réponse d’une communauté dans l’est du pays pour y passer quelques jours. Nous espérions que cet arrêt soit l’opportunité d’enfin échanger avec des tchèques sur leur pays et leur culture et d’offrir à Elouan des compagnons de jeux. Mais nous avons reçu une réponse négative samedi. La communauté en question est partie en Norvège (!?!). Nous continuons donc avec plaisir en Pologne, direction Krakow.

Plaisir que nous espérons partagé par Elouan. Il manifeste de temps à autre son envie de rentrer à Nevers. Hier il nous a dit qu’il ne voulait pas partir pour un si long voyage… son bateau playmobil lui manque. Si ce n’est que ça nous disons nous, ce n’est pas si mal ! Il est cependant vrai que ce n’est pas tous les jours facile et qu’il s’ennuie un peu. Depuis la France il a eu peu d’occasions de jouer avec d’autres enfants (nos quelques demandes de warmshower sont toutes restées sans réponse). Et avec la logistique quotidienne de campement, repas, courses, Yanaël à s’occuper, nous avons finalement peu de temps de qualité à lui consacrer et même si nous tâchons d’en prendre tous les jours pour jouer, il nous fait souvent comprendre que ce n’est pas suffisant. Heureusement il joue de plus en plus avec Yanaël et c’est vraiment beau de les voir rigoler comme des petits fous ensemble. Les pauses baignades sont également des moments de pur plaisir !

Le plus difficile en ce moment sont les nuits où Yanaël a du mal à dormir. Le scénario est alors le même ; il se réveille en pleurant et cherche, à quatre pattes, les yeux fermés comme un bébé chiot, un endroit plus confortable où se rendormir. Il semblerait dans ces moments là que mon visage soit son préféré. Je reste alors de longues minutes immobiles, écrasée sous sa tête ou son corps, attendant qu’il se rendorme avant de tenter un déplacement. Mais c’est à nouveau les pleurs dès que je le pose dans son sac de couchage. Nous avons beau nous consoler en sachant que ce ne serait pas nécessairement plus facile dans une maison, les nuits sont quelques fois courtes et les grasses matinées sont devenues un concept abstrait, dont nous osons à peine rêver…

 

Catégories
Carnets de route

Praha – Kutna Hora

Une semaine à Prague, une semaine de vacances dans notre voyage.

On nous avait vendu Prague comme étant une des plus belles villes d’Europe et elle mérite aisément son titre. C’est beau, propre, pas cher. Les bijoux architecturaux s’enchaînent au détour des ruelles, et même la horde de touristes prenant d’assaut le pont Charles n’y fait rien, on s’amourache vite de cette cité grandiose.

Alors bien sûr, une semaine, ça n’est pas grand chose. On prend le temps de découvrir un peu la ville. Mais il y a tant à faire qu’on en ressort en se disant qu’une deuxième visite ne serait pas superflue. Nous avons sillonné la ville à en perdre haleine sans pour autant avoir l’impression d’en avoir fait le tour.

Cette semaine à Prague fut aussi l’occasion des retrouvailles, mes parents sont venus nous rejoindre. Nous avons fait le plein de balades, de rires, de grosses bières, de saucisses, de resto. Elouan était ravi de revoir ses grands-parents et je pense qu’ils l’étaient tout autant. Nous pensant au bord de la famine, ils en avaient également profité pour nous ramener des crêpes, du caramel au beurre salé, du chocolat et du gingembre confit dans l’espoir de me voir arrêter de fumer.

Nous avons fêté dignement les 4 ans d’Elouan au champagne dans un parc avec une vue imprenable sur la vieille ville.

J’ai raccompagné mes parents à la gare centrale afin qu’ils prennent la navette pour l’aéroport. Ce fut chargé d’émotion. Elouan s’est mis à pleurer quand il a vu ses grands-parents monter dans le bus en me demandant quand est ce qu’il les reverrait. A cette question, je n’ai rien su lui répondre.

Je suis retourné au camping dans la foulée et nous nous sommes préparés nous aussi pour notre départ. Après deux semaines d’arrêt, nos mollets trépignaient d’impatience à l’idée de reprendre la route.

Avant ce départ, nous avons encore eu droit à de nouvelles péripéties avec la remorque. Nous l’avons bien reçu, dans les délais, toute neuve et brillante. Mais voilà, nous n’avions pas fait attention à la petite mention sur le site sur lequel nous l’avons commandée qui précisait que toute remorque était livrée nue. Nous avions bel et bien une nouvelle remorque mais aucun timon pour la raccorder au vélo. Après quelques minutes d’angoisse, nous avons cependant trouvé sur Internet un magasin à Prague qui en avait en stock.

Nous appréhendions un peu la sortie de Prague mais finalement tout s’est bien passé. Bien sûr, nous avons eu droit à un défilé de zones industrielles mais après 15km, nous avons pu constater que la ville était derrière nous. Nous avons fini l’après-midi en beauté avec baignade et camping sauvage au bord d’un lac.

Le lendemain, tout ne fut pas aussi rose. Je me suis rapidement mis à paniquer à l’idée de reprendre les routes. À chaque voiture qui me double, l’angoisse resurgit et le souvenir de l’accident refait surface. Nous avons usé de subterfuges, changé le rétroviseur de côté pour que je puisse voir les voitures approcher, interverti les places des enfants dans la remorque, mis Sandrine derrière moi comme bouclier mais rien n’y fait. On n’oublie pas aussi facilement ce genre d’incident.

Nous avons finalement opté pour une autre stratégie en achetant l’encyclopédie des pistes cyclables de la République Tchèque. Mais nous nous sommes rendus vite à l’évidence, le paradis cycliste germanique est bien derrière nous, ici, ce ne sont que des chemins à peine praticables en VTT . Autant dire que pour nous autres, chameaux ambulants, mieux vaut passer notre chemin.

Alors on prend son courage à deux mains et on reprend confiance petit à petit. Du coup, nous faisons de petites étapes, en espérant que ça se passe de mieux en mieux.

Aujourd’hui nous sommes à Kutna Hora à 70km au sud-est de Prague. Nous avons profité de deux jours d’arrêt pour visiter la magnifique cathédrale classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous ne savons pas trop encore par où rejoindre la Pologne. On nous a vendu le nord du Pays comme étant très beau mais cela nous éloignerait peut-être un peu trop de notre route vers le sud. Nous espérons passer la Roumanie avant l’arrivée du froid (septembre).

D’un autre côté, cela fait bientôt un mois que nous sommes en République Tchèque, nous maîtrisons parfaitement la langue et avons bien envie d’aller voir comment ça se passe ailleurs.