Notre voyage a bien failli s’arrêter lundi. Tragiquement.
Un monospace tirant une grosse remorque a violemment percuté le chariot alors que Ronan était à l’arrêt sur le bas-côté. Il était 10h du matin, nous venions tout juste de quitter l’endroit où nous avions passé la nuit. Je suivais Ronan de quelques minutes à peine, mais j’étais toujours en train de pousser mon vélo hors du champs lorsque j’ai entendu un fort bruit d’impact suivi d’un cri de Ronan. J’ai compris que le pire était arrivé. Lorsque je suis arrivée sur la route en courant, j’ai vu la remorque penchée et le vélo de Ronan par terre. Mon cœur a bien failli arrêter de battre. J’ai couru en criant. Puis arrivé près d’eux, Ronan m’a rassuré en me disant que tout semblait bien aller. Nous avons sortis les enfants de la remorque en tremblant mais nous étions finalement plus traumatisés qu’eux. Ils ont pleuré sous le choc de l’impact mais plus de peur que de mal.
Nous avons été à la fois chanceux et malchanceux. Chanceux parce que nous avons échappé à un accident très grave. La roue gauche du chariot était complètement broyée, l’attache entre la remorque et le timon sectionné net, la sacoche arrière gauche de Ronan totalement éventrée et propulsée 15 mètres plus loin. Quelques centimètres de plus à droite et nous osons à peine imaginer ce qui aurait pu arriver.
Malchanceux parce que nous étions sur une petite route, plutôt tranquille, en ligne droite, ni à contre-jour, ni dans un tournant dangereux. Il n’y avait pas de voiture en sens inverse. Bref, aucune raison pour que le conducteur ne voit pas le vélo. Nous pensons qu’il ne regardait pas la route et qu’il a levé les yeux trop tard.
Nous ne saurons pas vraiment ce qui s’est passé parce que l’homme en question ne comprenait pas un mot de français ou d’anglais. Nous l’avons donc engueulé sans qu’il n’y comprenne grand chose mais il est resté calme, démuni et désolé. Il a pris le temps de prévenir la police et les secours qui sont arrivés sur place très rapidement. Une ambulancière très gentille, assez à l’aise en français, a examiné les enfants et Ronan pour s’assurer qu’ils n’avaient rien. Nous nous en sommes sortis avec un hématome sur les fesses pour Ronan. Et même elle ne comprenait pas comment l’accident avait pu se produire.
Une fois le choc passé, nous devions cependant trouver une solution pour la remorque et le vélo de Ronan dont la roue arrière avait été bien tordu également. La femme du monsieur est arrivée sur les lieux avec son petit garçon et nous a pris en charge. Elle était très attentionné et parlait bien anglais, ce qui a contribué à faire baiser la tension et à nous rassurer. Ils allaient nous conduire à Pilzen pour trouver un camping et un magasin de vélo où nous pouvions faire vérifier l’équipement.
A donc débuté une longue après-midi a suffoquer dans les voitures, par 35 degrés, de magasin en magasin. Mais l’évidence se confirmait. Le chariot était bon pour la déchetterie et il ne serait pas si facile de s’en procurer un nouveau rapidement. Il nous restait à le vérifier de notre côté et à les recontacter le lendemain. En attendant, c’est au camping, à l’ombre, que nous souhaitions surtout nous retrouver.
A l’entrée de l’ « Autokemp » en question, un signe « Naturista » m’interpelle brièvement mais je n’y fais pas trop attention. Puis cherchant quelqu’un à qui nous adresser pour la réception nous découvrons quelques messieurs en tenue d’Adam, occupés à boire une bière sous le soleil. La situation est devenue tout de suite moins dramatique…
Nous avons donc passé six jours de moins en moins habillés, dans le pays où il a fait le plus chaud en Europe, à nous réfugier à l’ombre tout en profitant de la fraîcheur du lac adjacent. Un espace vert, protégé des regards extérieurs et donnant accès à la plage, se voit remplir au fur et à mesure de la journée d’hommes et de femmes, surtout âgés, arborant des bronzages intégraux à faire pâlir les vacancières les plus obstinées de la Côte d’Azur.
Ces quelques jours auront été d’autant reposant et finalement agréables puisque nous avons fait la connaissance d’une famille allemande, partie à vélo pour un an, dont leur petite fille Alma est vite devenue la super copine d’Elouan. Ayant préférés attendre que la température redescende avant de reprendre la route ils nous ont tenus compagnie et permis aux enfants de jouer des heures durant. Elouan était plus que ravi. Il ne s’était pas vraiment fait de copains depuis la France.
Puis pour pimenter notre quotidien un peu trop banal et marquer la fin de cet épisode caniculaire, nous avons eu droit à un orage extrêmement violent jeudi soir. Le vent s’est levé avec force durant la fin de soirée, avec des pointes à plus de 80-90km/h. Ronan s’apprêtait à entrer dans la tente lorsque je lui ai demandé : « Peux-tu ajouter des cordes stp, j’ai mis celles de l’autre côté mais le vent vient de tourner». « Ne t’inquiètes pas chérie, la pluie arrive et le vent va tomber avec… » me répond t’il. Dix minutes plus tard j’étais dehors en culotte, fouettée par le vent et la pluie, à me battre avec les cordelettes pour les attacher à la tente avant de les piquer au sol (il faudrait toujours qu’elles soient installées, bien entendu…). Je retenais la tente pour ne pas qu’elle s’écrase complètement en préparant intérieurement le scénario « évacuation des lieux » si le vent forcissait davantage. De retour dans la tente, grelottante et légèrement traumatisée par mon expérience mikehorniene, je trouve un Ronan des plus calme, absorbé par sa lecture, considérant visiblement la tente comme un bungalow en bois franc plutôt que comme un ridicule abri de toile…. L’orage a continué encore presque une demi-heure durant laquelle je n’ai pu fermer l’oeil mais s’est finalement éloigné, nous apportant fraîcheur pour le lendemain matin.
Pour clore l’épisode, notre nouveau Chariot arrivera à Prague, au camping. La solution la plus efficace pour obtenir un délai de livraison de quelques jours s’est avérée de passer commande sur un site français. Nous prendrons donc le train lundi pour rallier la capitale. Le trajet jusqu’à la gare avec tous les bagages et les enfants sans la remorque risque d’être un peu sportif mais nous allons pousser tout doucement notre bel équipage, heureusement sain et sauf, bien en santé, en rire et en beauté !
Page statistiques mensuelle / récapitulative depuis le départ:
861 km / 1 811 km parcourus
5 179 m / 12 491 m de dénivelé ascendant
35,43 km / par jour roulé
34,60€ / 30€ par jour (sans les frais de l’accident nous en serions à 25 euros)
15 nuits en camping sauvage
13 nuits en camping payant (dont 7 pour cause d’immobilité forcée à Pilzen)
3 nuits en hébergement spontané
10 tiques
1 chaîne brisée
4 patins de freins remplacés
2 crevaisons + 2 pneus changés (remorque avant accident)
1 roue + 1 pneu + 1 remorque + 1 sacoche remplacés (accident)